Justice : Mystérieuse définition de l'ouverture au monde
jeudi 6 septembre 2007
L'affaire d'Outreau a donné aux médias l'occasion de décrire avec délectation les travers du juge BURGAUD, présenté comme l'archétype du jeune magistrat issu de l'école nationale de la magistrature, inexpérimenté, imbu de lui-même, ivre du lourd pouvoir qui lui avait été donné et incapable de se remettre en question.
Naturellement ont été incriminés les modes de recrutement et la formation des magistrats, ces derniers étant majoritairement issus des facultés de droit et des instituts d'études politiques, nécessairement poussés dans un cocon à l'abri des coups durs, ignorants de la vrai vie des vrais gens, celle des cités, du monde du travail, du monde des affaires, un peu inhumains en quelque sorte ...
Dans le but affiché de remédier à ce navrant état de fait, la loi organique n°2007-287 du 5 mars 2007, relative au recrutement, à la formation et à la responsabilité des magistrats, publiée au journal officiel du 6 mars 2007, a prévu que la formation initiale des magistrats inclurait désormais un stage de six mois dans un cabinet d'avocat.
Il faut dire que les auditeurs de justice (c’est le nom des magistrats en formation) ne passaient auparavant que deux mois dans un cabinet d'avocat... insuffisant ?
Bien qu'ils soient issus des mêmes facultés de droit que les juges, et qu'ils travaillent auprès des mêmes publics qu'eux et au sein des mêmes tribunaux, les avocats ont étrangement représenté, aux yeux du législateur, le chaînon manquant entre les jeunes magistrats et le monde réel, les mieux à même de leur ouvrir les yeux, de leur montrer la dure réalité de la vie, de leur faire prendre conscience du sort des victimes et du drame de l'enfermement, de leur donner à connaître la réalité sociale des banlieues, ou celle du monde du travail.
Toutefois les réalités budgétaires étant ce qu'elles sont, l'allongement de la durée du stage avocat ne devra pas entraîner un allongement de la durée de formation des auditeurs de justice. Qu'à cela ne tienne, sera légèrement réduit le temps passé au sein des juridictions.
Et puis la nouvelle promotion d'auditeurs se passera purement et simplement de ce qu'on appelait le stage extérieur. Ce stage de deux mois et demi que les étudiants faisaient à leur arrivée à l'école de la magistrature, les uns auprès des institutions européennes ou de juridictions étrangères, les autres au sein d'administrations ou de services déconcentrés de l'Etat, dans des entreprises privées ou des associations intervenant dans le secteur sanitaire et social.
Un stage d'ouverture justement, mais dont la disparition sera, à n'en pas douter, largement compensée par la fréquentation assidue des prétoires dans le sillage d'un avocat.
Nicolas Froissard
Naturellement ont été incriminés les modes de recrutement et la formation des magistrats, ces derniers étant majoritairement issus des facultés de droit et des instituts d'études politiques, nécessairement poussés dans un cocon à l'abri des coups durs, ignorants de la vrai vie des vrais gens, celle des cités, du monde du travail, du monde des affaires, un peu inhumains en quelque sorte ...
Dans le but affiché de remédier à ce navrant état de fait, la loi organique n°2007-287 du 5 mars 2007, relative au recrutement, à la formation et à la responsabilité des magistrats, publiée au journal officiel du 6 mars 2007, a prévu que la formation initiale des magistrats inclurait désormais un stage de six mois dans un cabinet d'avocat.
Il faut dire que les auditeurs de justice (c’est le nom des magistrats en formation) ne passaient auparavant que deux mois dans un cabinet d'avocat... insuffisant ?
Bien qu'ils soient issus des mêmes facultés de droit que les juges, et qu'ils travaillent auprès des mêmes publics qu'eux et au sein des mêmes tribunaux, les avocats ont étrangement représenté, aux yeux du législateur, le chaînon manquant entre les jeunes magistrats et le monde réel, les mieux à même de leur ouvrir les yeux, de leur montrer la dure réalité de la vie, de leur faire prendre conscience du sort des victimes et du drame de l'enfermement, de leur donner à connaître la réalité sociale des banlieues, ou celle du monde du travail.
Toutefois les réalités budgétaires étant ce qu'elles sont, l'allongement de la durée du stage avocat ne devra pas entraîner un allongement de la durée de formation des auditeurs de justice. Qu'à cela ne tienne, sera légèrement réduit le temps passé au sein des juridictions.
Et puis la nouvelle promotion d'auditeurs se passera purement et simplement de ce qu'on appelait le stage extérieur. Ce stage de deux mois et demi que les étudiants faisaient à leur arrivée à l'école de la magistrature, les uns auprès des institutions européennes ou de juridictions étrangères, les autres au sein d'administrations ou de services déconcentrés de l'Etat, dans des entreprises privées ou des associations intervenant dans le secteur sanitaire et social.
Un stage d'ouverture justement, mais dont la disparition sera, à n'en pas douter, largement compensée par la fréquentation assidue des prétoires dans le sillage d'un avocat.
Nicolas Froissard
Libellés : administration, fonction publique, france, justice
3 Comments:
commented by Anonyme, 6 septembre 2007 à 21:12
Cette réforme supprime le stage dit extérieur des magistrats en formation. Ce stage leur permettait de découvrir le monde de l'entreprise mais aussi de s'immerger dans des associations qui s'occupent de personnes en difficulé (toxicomanes, mineurs en danger, mineurs délinquants...). Des futurs "clients" des juges. Et donc de mieux comprendre leur situation. On peut difficilement dire qu'il faut que les magistrats "s'ouvrent sur le monde" et soutenir cette mesure.
Quant à la Justice, celà reste quand même une chose sérieuse. Heureusement qu'on enseigne aux futurs magistrats l'importance et la gravité de l'acte de juger. Reste à recruter des personnes qui ont les compétences pour assurer cette haute mission. Et à exercer un véritable pouvoir disciplinaire quand des manquements déontologiques sont constatés.
Quant à la Justice, celà reste quand même une chose sérieuse. Heureusement qu'on enseigne aux futurs magistrats l'importance et la gravité de l'acte de juger. Reste à recruter des personnes qui ont les compétences pour assurer cette haute mission. Et à exercer un véritable pouvoir disciplinaire quand des manquements déontologiques sont constatés.
Merci pour votre précision.
votre mouvement "providentielle" compte-t-il mettre un pied dans des écoles comme celle de la magistrature ou des impôts?
votre mouvement "providentielle" compte-t-il mettre un pied dans des écoles comme celle de la magistrature ou des impôts?
commented by 8 septembre 2007 à 16:08
,
Pour avoir fréquenté l'ENMA (Ecole nationale de la magistrature), en qualité d'intervenant, j'ai surtout été frappé par la haute idée de la mission a venir inculquée aux éleves.il en résultait, une sorte de complexe de supériorité et d'infaillibilté.La séparation des pouvoirs n'arrange pas les choses;